mardi 29 septembre 2009

Hulot et la tartuferie

Hulot est-il vraiment un éco-tartufe?


Il est de bon ton, en ce moment, de traiter Hulot d'éco-tartufe. J'avoue que, moi-même, j'ai souvent cédé à l'écœurement face aux gesticulations d'un soi-disant écolo qui se fait sponsoriser par des entreprises parmi les plus polluantes du pays, qui fait son beurre avec du savon sous plastique et qui doit dépenser, à lui tout seul, autant de kérosène qu'une petite ville de province.

Ceci posé, j'aimerais que les donneurs de leçon considèrent un instant la réalité des choses.
Il est évident que dans les donneurs de leçon, on ne peut compter que les authentiques ecologistes actifs, car lire Marie-Chantal, pardon, Marianne, attaquer l'animateur télé, est fort savoureux quand on sait la détestation qu'entretient ce journal pour les écologistes en général.
Or, il se trouve que parmi les écolos actifs, fort peu attaquent Hulot. Et même s'il s'en trouve pour le faire, vont-ils tous au boulot en vélo ou à pied? Travaillent-ils tous pour des entités 100% garanties non polluantes? La bonne blague.

Seul le résultat compte. Et il est manifeste, que, tartufe ou pas, Hulot a ramené à la politique un grand nombre de gens qui ne votaient plus ou qui ne votaient pas. Il est indéniable que ce n'est ni Hulot tout seul, encore moins DCB ou Bové qui ont créé cette dynamique favorable au mouvement écologiste, mais que des hommes aussi différents soient capable de se fédérer autour d'un projet est une chose extraordinaire à l'heure où l'UMP sombre dans le bonapartisme d'operette le plus grotesque, que le PS se meurre d'ambitions arides, et que la gauche passe son temps à s'exclure les uns les autres.

Je crois qu'il y a de l'amertume et ... de la tartuferie dans ces attaques contre Hulot.

Pierre Kerjean

vendredi 25 septembre 2009

Grippe A, un loupé de précaution?

Quelques spéculations oiseuses sur l'emballement autour de la grippe A.


Cette grippe A, comme aurait pu le dire Shakespeare, n'est-ce pas beaucoup de bruit pour rien?

Bilan mondial actuel? Quelques dizaines de morts dont l'immense majorité dans des pays où l'on meure beaucoup, et de tout. Franchement, pas de quoi fouetter un chat en comparaison de virus saisonniers considérés comme bénins et générant pourtant des dizaines de milliers de décès annuels.

Et franchement, est-ce que tout le monde n'a pas l'air un peu con maintenant? L'OMS qui s'est fendue de bulletins plus alarmistes les uns que les autres.
Les médias qui ont surjoué un rôle écrit à l'époque du délire sur la grippe aviaire et qui, fidèle à leurs lâches habitudes, se désengagent en douce de l'emballement en pointant l'opinion sur d'autres qu'eux et ne se remettant pas un instant en cause pour leur em-bêlement panurgien .
Les experts, plus ou moins soldés par les grands labos ou stipendiés par les états qui ont crié "au loup" pour un bichon maltais.
Les politiques qui se retrouvent emmerdés avec leurs dizaines de millions de doses de vaccin dont plus personne ne veut et qui vont quand même couter le bras aux états.
Mais pas seulement eux. Tout ceux qui ont crié au complot économico-militaro-politique, ceux qui ont pris pour argent comptant les délires qui circulaient sur internet à propos de vaccinations forcées, de forces de l'ordre déjà mobilisées depuis janvier dernier et autres meyssanneries, ceux là doivent aussi se sentir un peu con avec un Fillon qui annonce comme une évidence qu'il ne saurait être question de forcer les gens à se vacciner.

On pourra me traiter de naïf, mais avec le recul, voici ce qui me semble être un chainage cohérent et crédible:
Un labo fait une boulette et laisse fuiter une souche de H1N1, la grippe espagnole. La même qui a fait 20 millions de morts en 1918. Il y a là, je crois, déjà de quoi donner le vertige et même ramollir significativement les selles de tout dirigeant sérieux. Surtout qu'au dirigeant, on lui dit que le virus est instable. Et depuis le traumatisme du sang contaminé, les experts ont quelques raisons de sortir le parapluie et de ne pas prendre le risque de se montrer rassurants.
Le dirigeant est face au spectre d'une pandémie mondiale majeure. Bordel! ON PARLE DE GRIPPE ESPAGNOLE!
Peut-on leur en vouloir d'avoir réclamer des vaccins urgemment aux labos?
Peut-on en vouloir au labos de refuser de fabriquer des centaines de millions de doses sans être certains de les vendre? Qui accepterait qu'on lui dise "bon les gars, vous me faites un petit milliard de doses pour 8 milliards d'euros, mais si le pétard est mouillé, vous vous les gardez"?
Peut-on donc en vouloir au dirigeant de se mouiller et de casquer un milliard d'euros au risque de s'entendre dire "ben putain, bravo où qu'y passe not' pognon" par les mêmes qui auraient hurlé à la criminelle négligence si le scénario du pire s'était passé?
Peut-on en vouloir au dirigeant de demander aux labos de se manier méchamment l'os pour fabriquer?
Peut-on en vouloir aux labos d'exiger, dans ces conditions, une exhonération judicaire en cas d'effets secondaires dus au vaccin?
Doit on en vouloir au dirigeant de prendre le risque d'accepter ce blanc-seing et le risque politique qu'il recèle?

Personnellement, je crois que vraiment, tout le monde se sent un peu con, et Bachelot, comme Fillon, ont bien du mérite à sortir les rames comme ils le font pour fourguer leur camelote.
Mais il y a cinq ou six mois, il aurait fallu être bien malin ou désinvolte pour affirmer :"la grippe espagnole? que dalle mon bon. Attendons quelques milliers de mort et on verra."

Beaucoup de bruit pour rien?

Tant mieux.

Pierre Kerjean

lundi 21 septembre 2009

Allergolose aux TICE ou l'horreur informatique.

Ram, enseignante, pousse un cri d'alarme face à l'invasion insidieuse de la dictature informatique dans l'éducation nationale.



Ah le plaisir de se poser devant son ordinateur, outil d'échange, outil de connaissances et d'ouverture sur la grande sphère du monde, sur le cyberspace... de l'or au bout des doigts. La nouvelle révolution est en marche.

Du plaisir certes, mais aussi un outil de travail; ainsi moi-même, dans mon métier de prof, j'ai appris tranquillement à me servir des traitements de texte, à adapter certains de mes cours aux possibilités powerpointiennes, à affectionner l'élève, l'arsouille qui enfin, plein de quiétude, extasié, le nez collé à l'écran, surfe "en liberté" à la recherche du texte idoine ou de l'image parfaite à ajouter à l'exposé.

Des outils différents, pour réaliser, par exemple des dvd, travail super intéressant, qui les enthousiasme... Donc je suis loin, très loin d'être réfractaire à l'outil informatique. J'essaye au contraire d'améliorer mes performances pédagogiques du mieux que je peux grâce à cet outil; sachant tout de même que dans les faits, on ne fait pas toujours ce que l'on veut puisque les moyens déployés au travail ne sont pas toujours au rendez-vous; par exemple, cette année, je n'ai toujours pas de salle munie d'un vidéoprojecteur malgré mes demandes répétées. Bon, ce n'est pas grave après tout, l'arsouille ne s'en plaint pas et le cours fonctionne quand même.

Mais aujourd'hui tout s'emballe. Et qui dit emballement dit soupçons, grognements, agacements.

Jusqu'où cette irruption technologique va-t-elle nous mener?

La folie microsoftienne qui emballe le monde depuis quinze ans est elle en passe de phagocyter totalement le sanctuaire de l'éducation?

Derrière les carottes de convivialité et d'agrément, combien de bâtons de caporalisme manageurial?

Car, mon soupçon vient essentiellement de ce que veulent faire les zézos(zélites zotorizées) de cet outil.

Car chaque jour, un petite pierre s'ajoute à l'édifice de mes doutes. Parce que le cahier de texte de la classe va être informatisé, parce que le flicage en ligne pointe aussi son nez dans notre boulot, parce qu'hier j'ai perdu deux heures à télécharger des fichiers énormes des dédales du tréfons du site du rectorat pour une évaluation diagnostique obligatoire. Car comme dans une sorte de révolution culturelle, un bon prof, pédagogue et respecté peut se retrouver ringardisé en pleine cantine par un jeunot qui trouve là sa marotte de valorisation.
Et le pire, moi même, panurgienne, me surprenant à morigéner ce vénérable confrère en le sommant d'être raisonnable et de ce plier à cette promesse de bonheur technologique.
Parce qu'un autre collègue eminement respectable et respecté, même de ses arsouilles, s'est fendu d'une autocritique en bonne et due forme après une présentation où son ignorance du nouveau média éclata au grand jour.
Parce qu'au prétexte d'une pandémie éventuelle, on nous a demandé de gérer un nouveau logiciel usine à gaz pour mettre nos cours en ligne. Pour numériser notre savoir et notre méthode. Et quoi demain? On restent tous à la maison, s'écomonisant des structures d'accueil pour donner des cours en ligne à mille élèves?
Et après demain? Le robot-prof cybernétique?
En attendant, comme ça, on est sûr que le quidam ne pourra pas dire que cette feignasse de prof est payé à rien foutre du fait de la fermeture.

Est-on tenté d'enterrer l'échange humain entre enseignants et élève qui lui ne peut pas s'informatiser?

Mais avant tout, ce qui m'inquiète, c'est qu'insidieusement, on cherche à subordonner toute la valeur pédagogique, relationnelle et citoyenne de l'enseignant à son aisance à se mouvoir dans le bazar informatique.

Chez mes collègues? si peu de voix, quasi aucune voix pour s'élever contre cette aliénation. Entre ceux qui grâce à ce nouvelle maîtrise peuvent enfin jouer les cadors, ceux qui s'enthousiasment à chaque nouveauté et les consciencieux qui ne voudront jamais être pris en défaut sur aucun aspect de leur travail, pas de force de frappe, pas de rébellion pour commencer un combat qui peut sembler à beaucoup d'arrière garde, décalé certes, mais qui pourrait être un début pour en finir avec ce fanatisme du binaire.

L'éducation est-elle encore un lieu préservé? Si les dépositaires supposés de la sagesse et de l'esprit critique se laissent empaqueter par cette dévastation, n'est-ce pas que le sel s'est affadi?

jeudi 17 septembre 2009

La femme est un chien comme les autres

notre ami "Big" nous livre un coup de gueule...


Je souhaite vous parler de deux séances qui se sont passées dans un tribunal d'une ville doublement illustre: par la chaussette, et le rugby....

Ce temple de justice avait à statuer sur deux faits graves.

Le premier:
deux désœuvrés qui ont aspergé leur pauvre toutou avec de l'essence et craqué une allumette, le suppliciant atrocement.
Là, salle d'audience pleine à craquer. Et tout le monde en rajoute, c'est à qui en fera le plus. Delon envoie son véto, Bardot se fend d'une lettre et se porte partie civile, la SPA aussi, Zidane et je ne sais plus qui envoient des chèques, pléthore de journalistes, la grosse artillerie quoi. A faire la une du glorieux Midi-Libre trois jours de suite, à coup sûr...
Tout ça réchauffe le coeur.
Les deux bougres sont condamnés. Fermez le banc.

Vient ensuite la seconde affaire:
une femme martyrisée qui porte plainte contre son compagnon.
Tout le monde est barré.
Il ne reste que les juges.
Son avocat probablement commis d'office.
Et elle, la plaignante.

Edifiant quant à la connerie d'une certaine société. Ceci dit, le respect des animaux est primordial. Mais celui des être humains, surtout féminins, l'est, me semble-t-il, tout autant.

Christian Defoulny


mardi 8 septembre 2009

Histoire et tartes à la crème.

Réaction à la vision des deux premiers épisodes de "Apocalypse" sur France2. Où l'on constate que la propagande officielle a la peau dure.


Même à la télé, l'histoire, surtout des guerres, c'est bien connu, c'est pas un truc de meuf, surtout quand une autre chaine programme, au même instant, les démêlées de mégères anglo-saxonnes pourtant dignes de susciter des vocations de kamikaze chez tous les apprentis pilotes mâles à l'Est de l'Atlantique.

Aussi, c'est entre mecs, avec mon fils de onze ans, qu'après avoir renvoyé à leur cuisine épouse et sœur pleines d'amertumes mais obéissantes, nous avons pu, en paix, sans bavardages importuns , sans insupportable feuillettement de magazine féminin (où l'on apprend comment devenir une femme libre en ressemblant à une pute), sans déplacements incessants vers quelque urgence ménagère soudaine, regarder les deux premiers épisodes de la série "Apocalypse", colorisée et sonorisée s'il vous plait, pour rendre attractive l'Histoire officielle à ceux à qui elle aurait échappée. Et surtout, aux enfants, les mêmes à qui on veut supprimer cette matière à l'école.
Joli coup.
On s'évite un apprentissage gênant de l'esprit critique, de la réflexion, tout en se débarrassant d'enseignants, insupportables suppôts de syndicalisme, et on remplace tout ça par un bon vieux film de propagande. C'est le pied le totalitarisme soft.

Tout d'abord, vision de Berlin en ruine en 45. Et de quoi nous parle-t-on, comme ça, à froid?
J'en reste pantois.
On nous parle du terrible sort des femmes allemandes violées massivement par le Hun bolchévique. Bon, on ne savait pas que c'était une priorité dans le bilan d'un tel délire, que ça méritait même de figurer en introduction, mais en plus, les soldats américains se sont eux même rendus coupables de centaines de milliers de viols, même si les cours martiales n'ont punis que les coupables noirs.... Mais ça, pas un mot.

Haaaa, ça commence bien, ça décrasse.

On y apprend que Hitler prend légalement le pouvoir. Ce qui est un peu rapide en besogne. La démission suspecte de Hindenburg, l'incendie du Reichtag mis commodément sur le dos des communistes pour réaliser un véritable coup d'état. Tout ça, aux oubliettes. Mon fils de 11 ans retient que la majorité du peuple allemand a voté pour le fada. Ce qui est faux.

Puis on parle de Munich et de son indignité.
Mais surtout, on parle de "l'ignoble pacte germano-soviétique" sans jamais mettre en relation le premier et le deuxième. Que les Russes, voyant le couple franco-anglais renier sa parole dans leur dos et sans les consulter, se sentent un peu libre de jouer solo, n'est même pas évoqué.
Par contre, si le Russe est immonde de nous lâcher, le gentil Américain lui, n'est pas le moins du monde mis en cause de déclarer sa neutralité même si, dans les faits, il nous laisse aussi crever la gueule ouverte, nous pauvre 35 millions de Français contre les 120 millions d'habitants du Reich.

Guerre contre la Pologne.
L'accent est mis sur ces salops de russes qui massacrent 4500 officiers polonais dans un e tentative, je cite, "de décérébrer la Pologne". Par contre, évidemment, pas un mot, pas un seul mot sur la terrifiante et hallucinante opération , dans chaque ville et chaque village de Pologne, immédiatement après le passage de la Wehrmacht, de l'assassinat prémédité de tous les élus, de toutes les professions libérales, de tous les cadres administratifs, de tous les patrons d'entreprise, de tous les intellectuels ce qui n'a pas représenté 4500 morts mais bien 3 millions. Trois millions de morts dont on ne parle pas. Pourtant, la volonté de décérébrer la Pologne, laissant aux seuls curés l'encadrement du peuple, pour faire un réservoir à terre et à esclaves pour les colons allemands était explicite.
D'ailleurs, aujourd'hui, l'amateur le moins passionné d'Histoire sait que les Russes ont tué 4000, 10000, 15000 officiers Polonais par contre rares sont les gens qui connaissent cette lobotomie massive qui a fait 3000 000 de morts, la Pologne ayant perdu plus de 6000 000 de ses enfants dont 3000 000 de juifs, faut-il le rappeler.
Réaction de mon fils de 11 ans: "les Russes, c'est toujours des salops comme ça?"

Merci France2, je propose un Mac Carthy award pour les réalisateurs.

Guerre en France: On continue dans les tartes à la crème. Le corps expéditionnaire anglais y est surtout représenté par les enfants de ses colonies.
Réaction de mon fils de 11 ans: " Y sont pas gonflés les Anglais quand même, y faisaient se battre que leurs colonisés".
Je me permet de lui rappeler que nous avions exactement la même proportion de colonisés dans nos armées mais hélas, le film n'en parle pas ou alors anecdotiquement, une heure plus tard, pour évoquer les massacres de soldats noirs par les Allemands. Pas un mot sur le fait que Jean Moulin fut, alors, torturé presque à mort pour avoir refusé de signer les procès verbaux imaginaires exigés, non pas par les SS, non pas par la GeStaPo, mais par la Wehrmacht pour justifier ce crime de guerre. Il aurait été intéressant de parler du premier acte fondateur d'un héros. D'un préfet de gauche. Je suppose qu'on préfèrera, comme d'habitude, le sortir tout fait de la Londres gaulliste. On verra.

On parle évidemment du "génial théoricien de l'arme blindée" , Gudérian mais sans dire que ce général allemand était un admirateur d'un gars qui avait décrit, dés les années 30, très minutieusement la manière dont il fallait organiser cette arme. Il raconta même dans ses mémoires qu'il y avait repris l'organisation d'une division complète au char prêt, à la voiture de commandement prêt, et même au nombre de compagnie d'infanterie de char prêt. Le rédacteur du livre s'appelait de Gaulle. Le même de Gaulle qu'un état-major, ultra sympathisant des idées fascistes, persécuta sans cesse, ainsi que tous ceux qui voulaient moderniser l'armée et la rendre apte à se battre.

Fin des deux premiers épisodes.

J'imagine aisément la suite de la "valse de desserts et pâtisserie".

Les Allemands rentrent comme dans du beurre en URSS, bousculent facilement une horde de moujiks sous équipés et envoyés par millions mourir sous les balles allemandes par un Staline impitoyable. Les Allemands, bien sûr, ne seront arrêtés que par le terrible hiver russe. Le fait qu'ils aient eu l'échine brisée par une énorme machine industrielle russe produisant les meilleures armes de cette guerre sera probablement occulté. L'héroïsme patriotique invraisemblable du soldat russe dont Murat disait déjà qu'il fallait le tuer deux fois, passera sûrement par pertes et profits.
Le fait que ce sont, à 90% des troupes anglaises qui ont battus Rommel sera aussi mis, comme d'habitude, au crédit de Patton et des yankees. De la même manière que le fait que les Britanniques furent majoritaires durant le débarquement et se prirent le plus sale boulot pendant deux mois de bataille de Normandie sera occulté par la "géniale percée d'Avranche" du même Patton.
On apprendra que les Américains ont gagné la guerre à eux tout seuls et que leurs boys ont fait un sacrifice pour notre liberté, surtout pas pour les intérêts stratégiques américains. On évitera de dire qu'ils ont perdu, sur l'ensemble des théâtres d'opération deux fois et demi moins d'hommes que les Anglais, deux fois moins que les Français(et oui) , cinquante fois moins que les Russes.
On parlera d'Allemagne en ruine en occultant que c'est la France qui régressa matériellement le plus durant cette guerre tombant à un niveau d'équipement équivalent aux années 1890.
On y verra, bien sûr, les affreux russes laisser écraser Varsovie et on oubliera que les anglais laissèrent les Grecs massacrer leurs communistes.
J'en oublie probablement.

A voir.

En tout cas, au vue des réactions de mon fiston, je ne peux m'empêcher d'applaudir les réalisateurs. Quel talent. Allez, encore un effort et j'ouvre une pétition pour leur décerner la Purple Heart

Pierre Kerjean

samedi 5 septembre 2009

Deceptions de sarkosie

que de déceptions ont accompagné l'avènement sarkozien. Voici une liste non exhaustive.



Au commencement, il y eu Guaino. Voilà le poète gaulliste auto-proclamé qui se met au service de ce qu'il combattait hier. De 93 à 95, "aux armes! l'atlantisme capitulard et la fracture sociale sarko-balladurienne ne passeront pas". Depuis 2006 "allez y les mecs, le sarko, c'est la réincarnation du général". Arrivisme? revanchisme? certitude que tant qu'il sera là, il pourra contenir, influencer la bête?

Aucune idée mais de la douleur.

Puis il y eu Gallo. Invraisemblable. C'était à se demander si le gars avait vraiment lu les bouquins qu'il avait signé. Bouquins que j'ai personnellement achetés, lus, relus, et qui m'ont appris et convaincu à me méfier et à combattre toutes les sarkosies de notre histoire. Académie française quelques temps à peine après l'élection... Cela ne peut pas être ça quand même? Il est vrai aussi que le Sullitzer du roman historique, après avoir été gauchiste est devenu mitterrandien. Et aujourd'hui, toute la mitterandie papillonne chez Sarkozy ou aspire à y voleter. Gallo, l'anti-Hugo. Pourquoi?

Aucune idée, mais de la douleur. Beaucoup de douleur. Aussi violente que si Chevènnement avait accepté la place de Besson. Un père noël démystifié à sec, sans préparation. Une déchirure jamais vraiment guérie.

Puis il y eu le premier tour de la présidentielle. Au delà de Sainte Gougourde du Poitou qui devance Bayrou, offrant une voie royale(sans jeu de mot) et à Sarkozy et à la sauvegarde agonisante du PS, il y a les 31% de suffrages exprimés pour le gars de Neuilly. Triomphe plus important que ne l'annonçaient les sondages les plus radieux.

Ces 31%, c'est un coup de massue.

31% de gens qui votent pour un homme ayant, toute une campagne durant, parlé de racailles, de fainéants, de karcher dans un discours au clivage d'une violence jamais vu depuis des décennies. ..

31% des suffrages exprimés qui disent "vas y, rentre leur dans la gueule et si ça bouge, tu peux y aller à la 12.7, t'as carte blanche".

Dans ces 31%, il y a les anciens fans du borgne normalisés et surtout, plus de 70% de la génération de mes parents. Ainsi, ceux là qui ont bénéficié de la plus belle période de croissance, de la société la plus protectrice, la plus égalitaire, la plus juste de l'histoire; ceux qui nous ruinent avec leur retraite et leur sécu; ceux qui devraient être les plus attentifs à pérenniser un modèle de solidarité et de justice, ceux là votent pour qu'on nous bottent le cul à nous, actifs. Cette génération, la première à avoir envoyer ses propres vieux crever dans des hospices pour commodité personnelle, après nous avoir laissé, nous, gosses, des journées entières devant la téloche pour se payer deux bagnoles, après avoir pourri notre planète dans une partouze de consommation, cette génération béton-nylon-pétrole-formica vote pour l'enfer social de ses enfants et petits enfants?
Ce premier tour là m'a anéanti.

Et depuis, ces 31% là sont restés fidèles comme un roc, quelques soient les indignités, les mensonges, les incompétences, les ratages, ils sont restés fidèles. Malgré un bilan calamiteux, ce qui ne les surprend d'ailleurs même pas, ils restent jubilatoirement fidèles. Leur ultime argument pour la galerie(eux n'ont pas besoin d'argument) :"ben quoi? qu'est ce qu'elle aurai fait de mieux l'autre folle?"
Et je suis sidéré que, sans l'excuse du traumatisme d'une révolution, sans occupation, sans totalitarisme, sans bidouillage des urnes, le veau français vote pour l'abaissement de son voisin, de son copain, de son fils. Un peuple tombé si bas en conscience morale, politique et citoyenne est généralement en passe de se faire présenter l'addition.

Un léger sourire triste et amer. Besson, Kouchner, Jouyet, Lamy, DSK puis Lang, Rocard, Allègre, Attali, Benamou et tant d'autres. Eux, c'était prévisible.

Puis il y eu (il y a toujours) deux ans de merdoyage bayrouiste.

Déjà pendant la campagne, quand on suggérait que Bayrou ne s'appelait pas de gaulle et qu'il ne pourrait pas faire l'économie d'une doctrine claire pour fédérer durablement les électeurs, on suscitait des sourires condescendants. Quand on disait que la couleur orange branchouille et de douteuse référence ukrainienne était de très mauvais gout, que le nom branchouille Modem était grotesque, on passait pour des rabat-joies. Quand, après la défaite du premier tour et l'émigration des notables dont les plus critiques envers Sarkozy l'avant veille à peine allaient devenir ses ministres soumis, on déclarait urgent l'édification d'une doctrine arbitrale entre toutes les tendances du mouvement, on vous répondait: "dans six mois, au congrès fondateur". Puis, six mois après, à soeur Anne ne voyant toujours rien venir , "t'inquiètes, dans un an , à la prochaine université d'été...". Deux ans et demi après, rien. Toujours à se demander ce qu'on fait dans le même parti que Peyrelevade et entendre un leader assiégé faire de l'anti-sarkosisme national pour une campagne européenne. Et localement, déjà tous les vices d'un vieux parti: bureaux conclavesques, élections internes borgiesques, combat à mort pour les investitures, ambitions dérisoires dans les crocs. Quel gâchis.

Ô douloureuse déception maintenant.

LE Maître, JF Kahn, avait déjà visiblement été mis au rancard de la direction effective de Marianne depuis le remaniement capitalistique(c'est une impression de lecteur, au loin, pas une affirmation), visiblement cantonné à son bulletin de résistance hebdomadaire, cet indispensable convertisseur de colère en positivisme, ce bulletin de liaison pour les libres-penseur de bonne volonté, j'ai nommé l'édito "notre opinion". Quelques mois après l'élection, dans la plus stalinienne des opacités, JFK sort(de gré? ou de force?) de SON journal. Fini le bulletin hebdomadaire. Et surtout, finie la conscience lumineuse de Marianne. De "unes" racoleuses en reportages médiocres, d'antisarkosisme non pas militant mais commerçant en publication de plus en plus souvent de plumes réacs et faisandées, Marianne troque sa tunique dépoitraillée contre un tailleur de working girl, courbe des ventes en main. A cet égard, la normalisation du site a été un monument de tout ce qu'elle dénonçait de son vivant. Marianne n'est pas pire que l'Express ou le Nouvel Obs, mais Dely n'est pas meilleur que Barbier et Macé-Scarron ne vaut pas Jean Daniel. Marianne, par un mode de mutation orwéllien est devenue banale, bullocrate. Exit Marianne. Douloureux. Très douloureux sevrage d'une passion de dix ans.
Mais le pire, c'est que, exit aussi JFK l'éditorialiste. Sur Marianne ou ailleurs, fini ce qui faisait son génie: la plume. Terminé le bulletin hebdomadaire. Le maître abandonne ce en quoi il excelle pour se plonger dans ce pourquoi il n'est pas fait: la causette médiatique. Là, il ne sert à rien, la forme le désavantage. J'ai mal, quand je parle de lui, de voir un clampin souriant gentiment car n'ayant retenu de lui que ses gesticulations et ses postillons. Un édito de JFK vous secoue la conscience, vous ramène à la bonne volonté, vous interdit la haine, le renoncement, vous souffle l'espoir d'une nouvelle voie, vous montre un angle nouveau et joyeux, même dans la colère, vous transmute toute la merde en combattivité d'une bonne grosse dose d'amour. Voir JFK faire des ronds de jambe télévisuels à BHL, Giesber, Marseille ou Barbier, l'entendre mêlé à des quizz débiles à la radio, c'est pénible.

Annius horribilis, Gaccio, peut-être traumatisé par les barbouseries de Canal, ou, allez savoir, par l'arrivisme sans état d'âmes de collègues de travail, quitte les Guignols. Ceux ci s'enfoncent dans un néant beauf sans conscience ni drôlerie(sauf peut-être pour le fan d'OSS117). C'est à se demander si ce ne sont pas Roucas et Amadou qui écrivent les sketches....
Dans la même veine, le Groland. On a eu Charlie qui virait aux Inrocks et Val devenant patron d'une chaine publique. Et bien on a vu aussi le Hara-Kiri télévisuel politiquement impertinent et jubilatoirement grossier, visiblement mis au pas après une cure de rugby(les anciens abonnés de Canal me comprendront), oubliant l'impertinent et le jubilatoire pour ne conserver que le grossier couille-bite ne faisant probablement plus rire que les fans d'OSS117.

Hadopi. Que les bourges rive-gauche qui s'en disaient, de gauche, quand c'était bien vu, se mettent à hurler quand on veut toucher leurs rentes alors qu'ils n'ont eu de cesse de nous apprendre à nous, beaufs rancis, que la culture n'était pas une marchandise, et qu'en plus ils s'en prennent au parti qui les a toujours fait crouter, m'a fait sourire. Mais qu'on retrouve le forestier(il ne mérite pas de majuscules) dans cette liste de guignols, ça, ça troue le cul. Voilà un mec qui a fait chier toute la France, durant toutes les années 70 avec son gauchisme boyscout, un mec qui s'est permis d'organiser des manifs d'interdiction de concerts de Sardou pour réactitude, le voilà qui insulte la gauche française et les opposants à la loi probablement la plus dangereuse pour la liberté d'expression depuis la fin de la guerre d'Algérie? Au nom de quoi? De son compte en banque? Enfoiré. Tu peux bien aller pleurnicher à la tournée des restos du coeur avec tes autres collègues has been. D'ailleurs, il n'y plus que là que tu peux te produire. Ranci, sec, tu n'as plus rien à dire, t'es plus bon à rien, alors évidemment, tu ne veux pas qu'on touche aux dividendes de tes sincérités prosélytes d'alors.

Il y a aussi quelques espoirs.

Le vent tourne en sarkosie. Timidement mais quand même...

Marianne, paraitrait-il voit une chute de ses ventes. On verra si ses dirigeants sont aussi autistes que ceux qu'ils accusent de cette pathologie. Ou, au contraire, s'ils sont aussi transparents(mort de rire), respectueux de leur lectorat et intellectuellement honnêtes qu'ils l'affirment. Je le souhaite....

Sincèrement.

Pierre Kerjean.

jeudi 3 septembre 2009

Etat Critique

Les critiques de cinéma?
On peut pas les tuer quand même?

On peut, par contre, se poser une question fondamentale à leur sujet:

"les critiques de cinéma sont-il
1- achetés?
2- panurgiens?
3-globalement largués?
4- les trois?"

Avant, le doute était possible. Établir la pertinence de la question impliquait d'acheter puis de se taper tous les journaux pour dégager une tendance d'ensemble. Le plumitif interpelé par le commun avait beau jeu de renvoyer le soupçonneux à sa tourbe lectorale en exigeant des "preuves monsieur, des faits, pas des procès d'intention", avec ce sourire légèrement dédaigneux mais magnanime du zézo(zélite zotorozée) écrasant en public la gueule du misérable lombric acculturé qui aurai suggéré l'existence de fosses à merde au Parnasse. Bouche en cul de poule, sourire à l'envers, sourcil en accent circonflexe, toute la gestuelle du faux cul de basse-cour.

C'était avant.

Au même titre qu'il y a cinq siècles Gutenberg affola soudain les vendeurs de salades cléricales en offrant à chacun la possibilité de consulter les bondieuseries dans le texte original grâce à l'imprimerie, aujourd'hui, internet, d'un clic, permet des recoupements révélateurs difficilement réalisables hier. Le zézo n'est plus planqué peinard dans le petit canal de communication qu'il s'était creusé à coup de trahisons, de renoncements, de complaisance et de lèche. Fini la tour d'ivoire. Maintenant le gueux peut lui répondre, prouver qu'il réfléchit bien, voire mieux et surtout, il a la possibilité de mettre en lumière certaines zones d'ombres pudiques dans les coins douteux de la pratique médiatique.
Et pour éclairer, un des meilleurs outils, c'est la statistique, y a pas mieux. C'est capable de prouver une relation tabac-cancer alors qu'on ne peut toujours pas l'expliquer. C'est elle qui révèle le fumet putride exhalé par un quarteron d'initiés délictueux à la narine du juge hostile à la turlute politique. C'est encore elle qui ricane quand on lui parle de Sarkozy sur à peu près tous les sujets . C'est puissant la statistique. D'ailleurs les puissants la redoute tellement qu'ils essayent toujours de la tripatouiller. C'est très puissant et grâce à internet, on peut en tâter sans trop se fouler.
Alors amusons nous à appliquer un peu de stat élémentaire aux zézos de l'arbitrage d'élégance cinématographique.

Prenons deux exemples.

Le premier:
Un fleuron de l'humour français: OSS117. Personnellement j'étais sorti(et je n'étais pas le seul) de la projection du premier opus, consterné au bout de vingt minutes. Pourtant, je ne suis pas bégueule. On m'avait parlé de troisième degré mais je ne savais pas qu'il existait un troisième degré aux gros sabots si lourds qu'il ressemblait foutrement à du très mauvais premier degré. Gags grotesques, clins d'œil éléphantesques et surtout acteur indigent. Sympathique peut-être le gars Dujardin, amusant probablement dans des niaiseries télévisées de quelques secondes mais sûrement pas un acteur. Un acteur comique ne joue pas à faire le con, il fait le con. Alors qu'à chaque plan, Dujardin semble s'adresser au spectateur en lui disant: "t'as vu comme je fais bien le con?". Surjoué, nul, pas loin d'être le navet de la décennie. Aussi, m'attendais-je pour la sortie de l'opus 2, à une critique fort hétéroclite.
Ben non. Raté. Et c'est là que la statistique intervient.
J'invite chacun à se rendre sur le site "allociné", la fiche "oss117" et "critique presse". Il y a là les 28 critiques les plus en vue, du Monde aux Inrocks, des Cahiers à Première, du Figaro à l'Huma, sur tout le spectre culturel, social et politique. On parle de gens qui, souvent, octroient chichement une petite étoile à Spielberg, Almodovar ou aux frères Cohen avec des critiques acerbes et pertinentes.
Sur les 28, si 8 sont dithyrambiques, 10 mesurées, cinq gromelleuses et cinq saignantes, on peut être, je crois, rassuré et ma question préalable digne de retourner à mon infâme néant de français moisi. Si, sur les 28, 15 sont dithyrambiques, 10 franchement positives et trois dubitatives, je crois qu'on peut se poser des questions.
Et bien, pour ce navet, 25 critiques donnent trois étoiles ou plus(maxi 4) et les trois qui se contentent de deux décrètent quand même que le film est "d'une irrésistible drôlerie".........
Rajoutez à cela un battage médiatique absolument monstrueux(et couteux) et un résultat en entrée médiocre qui n'a échappé au désastre que grâce aux entrées de la première semaine(30% des entrées totales), les chiffres dégringolant exponentiellement dés la deuxième, on est en devoir de se poser des questions.
Que s'est-il passé? S'est-il agit de faire plaisir(je suis poli) aux proprios de la maison Gaumont? A-t-on suivi servilement les réquisitions pâmées des moutons en chef, tétanisé à l'idée d'être traité de plouc par leurs seigneuries à clochettes? Nos vingt huit ont-ils tous ensemble sniffé du poppers à la générale ?
Cette unanimité est évidemment suspecte.

Le second clic auquel je vous convie est sur la fiche du calamiteux dernier Eastwood, Gran Torino. Pourtant je suis(étais?) fan d'Eastwood. Un mec capable de réaliser Mistyc River, Lettre d'Iwo Jima, Impitoyable, les Routes de Madison et j'en passe, a droit au respect. Mais le respect que je dois à Clint m'oblige à dire que loin des seconds degrés que certains on voulu y voir en creusant profond(c'est fou comme c'est pratique le second degré pour un critique), ce film n'est qu'une ode au républicanisme yankee dont se réclame d'ailleurs ardemment ce réalisateur pro-bush à son heure. Tout simplement réac, démago et grotesque. Le vieux redneck bouffeur de nègres(les seuls noirs qu'on y voit sont délinquants), grossier et alcoolo, n'est finalement, pas un mauvais bougre. Sans jamais renier ses valeurs de beauf ultra frontiste , il va s'occuper du chtite niakwé et lui apprendre comment on devient un authentique prolo américain selon Clint, qui parle bagnole, vanne au raz des pâquerettes et boit de la bière dans une glacière en détestant les temps qui changent. Il va même renoncer au massacre final pour s'offrir en sacrifice à l'avenir radieux du bridé. C'est le martyr, la rédemption de saint Harry le Flingueur. Pitoyable.

Évidemment, chacun a le droit d'avoir son avis, mais là, c'est encore pire que pour OSS. Sur 28 critiques, toutes sont au dessus du trois et vingt font carrément quatre étoiles. Et les vingt huit vous vendent la même salade : Clint fait du second degré.... J'aimerai à rappeler qu'aux pires moments, sans équivoque de l'époque Dirty Harry, la critique germano-pratine, frissonnante probablement d'identification virile, chantait déjà au second degré. Quand on revoit les films aujourd'hui, on sait ce qu'il en était finalement. Tous, Libé, les Inrocks, le Monde, l'Huma, encensent ce facho au ketchup qu'ils sont pourtant impitoyables à traquer dans sa version béret-beaujolpif.

Si les critiques ne réalisent pas que leur conformisme et leur manque de courage- je n'ose évoquer une possibilité de vénalité- deviennent aisément manifestes grâce aux outils nouveaux, ils finiront comme les curés ignares et indignes de l'époque de Gutenberg, dans les poubelles de l'histoire.

A quand Luther et Calvin?

Brève de France Info ou délire sur antisémitisme

C'est chaud la rentrée.

On connaissait déjà le conformisme bien pensant "youp la boum, vive la mondialisation heureuse" de France Info. Ce n'est pas sur cette antenne qu'on eu risqué d'entendre une idée qui dépassa ou de prendre en défaut d'alignement un doigt d'info sur la couture du prêt à informer que d'aucun oseraient appeler "presse". Malgré tout, d'orgasmes habituels de correspondants du cac40 en météo poignante de culpabilité pluvieuse, de détestation de Chavez en respect pour Uribe, de dédain pour l'armée russe en appelation par son petit nom d'une autre armée d'occupation, on avait là, sans pub débilitante, sans guimauve variétale, des informations qu'on pouvait digérer tranquillement pour se faire sa propre traduction comme il est d'usage dans tous les totalitarismes softs dignes de ce nom. Des informations qu'on pouvait écouter entre les lignes au gré des perles de résistance occulte de personnels rebelles discrets mais efficacement roublards. C'est fou ce qu'une occupation, ça rend les gens malins.
On s'était habitué au médiocre, on se disait que ça ne pouvait pas être bien pire. Ben si.

Pour la première fois de la rentrée, j'écoute France Info Lundi dernier vers neuf heures du matin, et je tombe(le mot est faible) sur une hallucinante interview de BHL commise par des journaleux qui se sont mis à deux pour mieux passer les plats. Je passe sur les effroyables impertinences du style: "bon, d'accord, vous êtes peut-être supérieurement intelligent, mais laissez moi vous dire que, par contre, vous êtes vachement beau et classe" faisant penser que c'était plutôt BHL qui leur faisait passer un entretien d'embauche. Bon, d'un autre coté on a vu pire depuis l'intronisation de certaines reines du paf. Mais quand même, ce genre de mamours sur France Info c'est un peu comme un concours miss France en topless et string, ça choque. On se dit "encore trois semaine, ils tripottent les invités en direct, deux mois et c'est la partouze, trois et ils nous foutent Barbelivien en intermède". On flippe.

Mais le pire n'est pas encore là.

Il commence vraiment à pointer le nez quand un des loufiats évoque la liste des trois personnes qui seraient les plus détestées du web, qu'il appelle "la liste de Bilger"...............???!!!....
La liste de Bilger......
Qu'est qu'il vient foutre là lui?
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Bilger, Philippe de son prénom n'est pas plus président d'un institut de sondage crypto-élyséen que mage antique prophétisant l'opinon webique dans les entrailles de poulet. Non, Philou est un brave procureur chef consciencieux, certes un peu bavard, très nuque rase et légèrement(hum,hum) pompeux et qui, par une invraisemblable énigme est publié presque chaque jour sur le site de Marianne qui, depuis le départ de JFK, semble avoir troquer sa barricade aux seins nus pour une sous-préfecture impériale. C'est pas qu'il soit détestable le magistrat mais en quoi est il qualifié pour qu'une chaine d'info le cite sur un tel sujet?
Et on continue à s'enfoncer voluptueusement quand on apprend, par un journaleux presque défaillant d'enthousiasme que les trois nomminés, les trois personnes les plus détestées du ouèbe selon la Pythie Bilger,sont:
Minc,
Attali,
BHL.
Et en plus, le gars annonce ça en bafouillant d'impatience, on sent qu'il en a encore sous le pied, qu'au niveau connerie, on est pas encore au top. Mais que ça va pas tarder.

Pourtant, c'est déjà gratiné. Au vue des 95% de sites visités, j'étais persuadé que les plus détestés du Web était Cyndy Desossemoi, hardeuse détestée des éjaculateurs précoces, ou Mimi Lacone de secret story. Je pensais que les seuls intellos possibles dans un tel classement étaient Cauet ou Arthur.

Ben non, Minc, Attali, BHL...Alors que je suis certains que si on effectuait un test sérieux de notoriété sur le net à propos de ces trois là, l'immense majorité de nos internautes jureraient que "le premier, c'est de la porcelaine chinoise, le deuxième une compagnie lowcost et le troisième un service de livraison rapide". Mais dèrrière les ronronnements de matou habitué aux carresses du BHL, les borborygmes de l'interviewer nous font présentir l'apothéose. Il a pas fini qu'on vous dit. Faut qu'il s'enfonce encore plus profondément dans sa connerie. Et là, il tutoie le sublime, le goinfre. Il veut la gloire pour lui tout seul, le morfale. Son collègue en reste coit, sonné.

"et on peut dire que tous trois, vous êtes juifs"

Gros silence expectatif. Je serai le mec, je sortirai vite les rames pour me sortir de là. Mais non, lui, défaillant de jubilation assène à un pauvre BHL qu'on sent un peu en descente d'acid:
"pensez vous que le web soit antisémite?"

Je vous la refais:

"pensez vous que le web soit antisémite?"

Evidemment, BHL réfute (très gentiment, comme face à un barge) une idée si stupidement saugrenue. Mais quand même, dans le genre débile, ce syllogisme confine au divin:

Tu peux pas saquer BHL, Minc, Attali.
Or les trois sont juifs,
donc tu es antisémite.

C'est à l'école de journalisme qu'on leur apprend à être aussi con?

Et le pire du pire est que si un journaleux ose sortir une énormité pareille sur une onde nationale, c'est qu'il est persuadé que beaucoup de gens de son milieu la considère comme une évidence.

Pourtant, un soupçon élémentaire de reflexion honnête suffit à reléguer cette suite "logique" dans le dictionnaire des pathologies paranoïaques, dans le catalogue des pervers de la dialectique.
Par exemple, moi, je peux vraiment pas saquer les trois. Mais d'abord, il y a une grande quantité de personnalités que je déteste infiniment plus que ces trois là. Et si je dois trouver un point commun entre les trois, c'est d'aborf qu'ils sont riches. Or, l'immense majorité des juifs est aussi pauvre que l'immense majorité des non-juifs. Alors qu'au moins 99% des riches ne le sont pas, juif.
Un autre point commun, c'est leur surexposition médiatique narcissique. Or ça, c'est pas donné à un juif sur dix mille. Par contre, 99% des gens ainsi surexposés ne le sont pas, juifs.
Encore un autre est leur capacité à tutoyer les pouvoirs. Et là non plus, c'est pas donné à un juif sur dix milles et là encore, plus de 99% de leurs confrères en butinage ne le sont pas, juif.
Encore un autre est leur sidérant mépris pour le populaire, leur arrogance, leur jouïssance ostensible dans leur certitude d'appartenir à une classe dominante affranchie des frontière, d'une sorte de nouvelle aristocratie mondiale en opposition au bouseux, au manant(du latin "manere", rester). Et ça, toujours, c'est pas donné à un juif sur dix mille et toujours aussi, 99% de ceux qui se sentent dans la dominance mondialiste ne le sont pas, juif. De Gaulle le disait déjà des bons riches bien franchouilles et cathos: "ils sont trop riches pour avoir besoin d'une patrie".
Encore un autre, est leur acharnement pathologique à vouloir édicter les règles du bien et du mal à l'attention des ploucs et manants, et leur indignation envers ces ploucs qui osent, en plus, ne pas dégouliner de reconnaissance envers eux. Mais là encore, ceci n'a rien d'une spécificité juive, si toutefois il en existait une.

En conséquence, il semble qu'être un gros riche imbu, donneur de leçons, hautain, puant de morgue, d'arrogance et d'orgueil, ça suffit pour se rendre détestable à un maximum de gens.

Et il semble aussi qu'oser assimiler l'intégralité des juifs à ces trois là est une imbécilité criminelle.

Au journaleux indigent, j'aimerai offrir cette citation dont je ne me souviens plus de l'auteur:

"ce qui est chiant quand on est juif, c'est qu'il y a toujours un con pour vous le rappeler."

Pierre Kerjean

mardi 1 septembre 2009

L'APPEL DU SANS-CULOTTE

Le Sans-Culotte est rêveur de justice, de fraternité. Libre penseur, franc comme l'or, coléreux de dépit, parfois sanguinaire face à l'arrogance, au mépris, à la malhonnêteté, il ne confond jamais haine et colère. Pascalien dans l'âme, il secoue le monde pour exiger que "ce qui fut juste fut fort" et apprend dans le sang et les larmes qu'on finit toujours par décréter que "ce qui fut fort fut juste".
Il ne profite de rien, ne tire les marrons d'aucun feu et se révèle être la marotte préférée de la redoutable haine anxieuse du nanti qui lancera contre lui ses chiens d'opinions, sa valetaille judiciaire et sa brute paresseuse à uniforme.
Parmi ses innombrables ennemis, les plus sanguinaires sont, néanmoins, invariablement ceux qui récupèrent ses combats, les nouveaux porcs orwéliens de pouvoir. Les pires, les tueurs d'espérance, ce sont les opportunistes issus de ses propres rangs, agents soudain zélé de toute les valeurs détestées hier. Le Sans-Culotte est l'éternel cocu de l'histoire.
De Spartacus aux Marins du Cronstadt, des Bagaudes aux Communards, des Cabochards aux Martyrs du Mont Valérien, des innombrables jacqueries moyenâgeuses aux éruptions sauvages de demain, ses colères, prurit des systèmes injustes, terrifieront le "bourgeois affolé à l'idée de perdre sa pièce de cent sous"(V. Hugo)et parsèmeront de lumière d'espoir le cœur des affamés de dignité.

Le Sans-Culotte est populaire, populacier diront les bouches en cul de poule. Il éructe, il gueule, il gouaille, il rit fort et gamberge tout haut en groupe. Son absence de culture bourgeoise, sa méfiance envers des règle de bienséance fleurant bon la soumission envers ceux qui les ont édictées et sa rage désespérée n'en font certes pas l'invité idéal d'un salon mondain. Il n'ergote pas stérilement sans fin dans une délectation d'appartenance à une élite, il renverse la table, pisse sur les autels verreux et répond aux piques de mépris ironique par une pique en travers de la gueule.
Même si lui n'est pas souvent délicat, ses idéaux brillent de pureté: liberté, égalité, fraternité, justice, libre pensée, honnêteté, surtout intellectuelle, vérité. Il n'en méprise et déteste que plus l'oppression, l'iniquité, la mauvaise foi, l'esprit de clan, la tartuferie, la trahison et le mensonge.

Cet espace de colère tout neuf, tout novice, tout maladroit a l'ambition de faire parler les colères et indignations face aux pitoyables spectacle de ceux que Coluche appelait les "milieux zotorizés". Vu que ces derniers aiment à se considérer comme des élites, ce qu'ils ne méritent en aucun cas, on pourra les appeler les "zélites zotorisées". Réaction à une déclaration politique, à une manoeuvre occulte verreuse de "la bulle" chère au grand maître JF Khan, à une scélératesse distillée dans un article, à une compréhension soudaine par recoupement, viendront quotidiennement. Mais aussi tribune pour tout un chacun, recherche d'utopie et accueil au chaud entre grandes gueules(et petites) isolées dans un océan d'abrutissement.

On tâchera de s'améliorer avec le temps. Réfléchissons en causant.

Bienvenue

Pierre Kerjean